Pourquoi a-t-on inventé l’IA ?

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L’intelligence artificielle ne s’est pas développée toute seule, d’un coup, par hasard. Comme pour tout, il y a eu un début, un point de départ. Retour vers le passé sur une technologie du futur qui régira peut-être bientôt nos vies entières.

 

L’IA évolue si vite, elle a déjà pris tellement de place, qu’on a l’impression qu’elle a toujours été là. On serait presque tenté de croire qu’elle s’est faite toute seule, qu’elle se développe toute seule, tant elle semble évoluer rapidement et à notre insu. Et pourtant, c’est bien l’homme qui est à l’origine de ce projet fou : copier l’intelligence humaine, repousser ses limites, en créer une plus efficace, plus efficiente, capable d’optimiser la gestion des tâches, d’améliorer la prise de décision. Et c’est bien lui qui en a (encore) le contrôle. 70 ans après sa naissance, avons-nous réellement atteint ces objectifs ? 

Les raisons initiales de la création de l'IA : optimiser, prévoir, accelerer

1940, le monde est en proie à l’une des périodes les plus sombres de son histoire : la Seconde Guerre mondiale. Au cœur de cette tempête se joue une autre bataille, celle des machines et des chiffres. 

En Grande-Bretagne, un mathématicien un peu fou du nom d’Alan Turing s’est lancé dans une mission que beaucoup ont, à l’époque, qualifiée d’impossible : percer le code de la fameuse machine Enigma, utilisée par l’armée allemande pour chiffrer ses communications. C’est là, au milieu des cliquetis incessants des premiers ordinateurs mécaniques, que l’idée d’une intelligence artificielle a commencé à germer dans l’esprit du scientifique. Car si ces machines pouvaient résoudre des énigmes complexes, pourquoi ne pourraient-elles pas penser ? C’est la question qui est aux prémices de l’intelligence artificielle d’aujourd’hui et de demain.

Une décennie plus tard, en 1950, Turing pose cette question provocante dans un article devenu légendaire : « Les machines peuvent-elles penser ? ».Turing et ses contemporains se demandaient si, en simulant les processus cognitifs humains, les machines pourraient accomplir ce que l’homme fait naturellement : analyser, déduire, résoudre des problèmes.

Et en coulisse, les premiers systèmes capables de traiter des données à une échelle massive, étaient justement déjà en marche. C’est l’IA, version fifties.

L’idée de ses savants fous, l’idée derrière la création de l’intelligence artificielle, était de s’affranchir des limites de l’intelligence humaine et de ses défauts, souvent restreinte par la fatigue, les erreurs, les biais. Alors que les ordinateurs, eux, ne connaissaient et ne connaîtraient, à priori, ni la fatigue ni les hésitations. Ils pouvaient et pourraient effectuer des milliers de calculs en une fraction de seconde, mais encore fallait-il leur donner un cadre, une structure qui leur permettrait de raisonner comme des humains, et même mieux. C’est ainsi qu’est née l’intelligence artificielle.

Où en sommes-nous aujourd'hui : Objectifs atteints, mais à quel prix ?

Les premières lignes de code écrites pour des intelligences artificielles, comme celles conçues lors de la Dartmouth Conference en 1956 par John McCarthy et ses collègues, étaient encore bien éloignées des technologies modernes comme les réseaux neuronaux ou le deep learning. Mais déjà, elles posaient les bases de ce qui allait devenir l’IA moderne : des systèmes capables de raisonner, de calculer, et même d’apprendre pour soutenir les capacités de l’homme.

Aujourd’hui, nous voyons des applications d’IA qui dépassent tout ce que ses créateurs pouvaient imaginer : des machines capables de diagnostiquer des maladies, de conduire des voitures, ou même de composer de la musique. Mais il y a un paradoxe. L’IA reste toujours une création humaine. Elle fonctionne sur la base de données passées, incapable de véritablement innover ou de prendre des décisions éthiques complexes. Alors, avons-nous atteint les objectifs que nous nous étions fixés ? Oui, si l’objectif était d’automatiser et d’optimiser. Non, si l’on s’attendait à ce que l’IA remplace l’homme dans toutes ses capacités.

Dans cette quête de dépassement des limites humaines, nous avons certes repoussé des frontières technologiques, mais nous sommes encore loin d’atteindre les capacités innées de l’esprit humain : la créativité, l’intuition, et cette capacité à résoudre des problèmes complexes que même les machines les plus avancées ne peuvent (encore) pas comprendre.