Un secteur en tension, une demande qui ne faiblit pas, mais des nuages qui s’accumulent à l’horizon. Le marché des prestations intellectuelles IT semble solide, pourtant plusieurs signaux indiquent que son équilibre pourrait vaciller.
Pénurie de talents, avancée de l’intelligence artificielle, statut des freelances fragilisé, incertitudes réglementaires… Le secteur est-il à l’abri, ou au contraire en train de courir vers plusieurs crises silencieuses ?
La pénurie de talents IT : un gouffre qui se creuse
Le constat est bien connu : il manque des talents en IT. Beaucoup. Et la situation ne s’améliore pas. Le Baromètre APEC révélait déjà en 2023 que 69 % des entreprises peinait à recruter des profils IT. Les tensions sur le recrutement des cadres se maintiennent au premier trimestre 2025, avec 47 % des entreprises signalant des difficultés similaires. Plus inquiétant encore, la Commission Européenne estime qu’il pourrait manquer près de 1,2 million de professionnels tech en Europe d’ici 2030.
Pourquoi un tel décalage entre l’offre et la demande ? D’abord, parce que la digitalisation touche désormais tous les secteurs, du commerce à l’industrie, de la finance à la santé. Chaque entreprise, quelle que soit sa taille, a besoin de compétences en développement, cybersécurité, cloud computing ou encore intelligence artificielle. Le besoin explose, mais la formation ne suit pas. Les écoles ne produisent pas suffisamment de talents spécialisés et, pire, l’écart se creuse entre les compétences enseignées et les besoins réels des entreprises.
À cela s’ajoute un phénomène de fuite des talents : certains développeurs français préfèrent s’expatrier pour des conditions plus avantageuses, notamment aux États-Unis ou au Canada. D’autres, lassés des cycles de projets sans fin et de la pression constante, quittent purement et simplement le secteur.
Le risque ? Une inflation des salaires et des taux journaliers moyens (TJM), un allongement des délais de recrutement et une concurrence accrue pour attirer les meilleurs profils. Les entreprises devront redoubler d’efforts pour séduire et fidéliser les talents… au risque de voir leurs projets ralentis ou paralysés.
L’ombre grandissante de l’intelligence artificielle
L’IA va-t-elle remplacer les développeurs ? La question peut sembler provocante, redondante, mais elle mérite d’être posée ici.
Selon GitHub Copilot, 46 % du code produit par les développeurs utilisant l’outil est généré par l’IA. Un chiffre qui donne à réfléchir. Aujourd’hui, des intelligences artificielles comme ChatGPT ou Copilot sont capables de produire du code fonctionnel en quelques secondes, d’optimiser des algorithmes et même de détecter des erreurs avant qu’elles ne surviennent. Si l’on suit cette logique, pourquoi une entreprise continuerait-elle à payer un développeur pour des tâches qu’une IA peut réaliser plus vite et à moindre coût ?
Bien sûr, la réalité est plus complexe. Si l’IA excelle dans la génération de code standardisé et la correction d’erreurs, elle reste limitée en matière de créativité, de conception stratégique et de compréhension des enjeux business. Les développeurs ne disparaîtront pas, mais leur métier va inévitablement évoluer. Moins de programmation brute, plus d’analyse, d’architecture logicielle et de supervision d’algorithmes. Ceux qui sauront se réinventer et tirer parti de l’IA comme d’un outil d’optimisation auront une longueur d’avance.
En revanche, les développeurs juniors pourraient voir leurs opportunités se réduire. Si une IA peut coder une application simple en quelques minutes, quel intérêt pour une entreprise d’embaucher un débutant ? La différenciation par la spécialisation deviendra un impératif.
Freelances IT : une indépendance sous pression
Travailler en freelance en IT a longtemps été perçu comme un eldorado. Liberté, rémunération attractive, diversité des projets… Pourtant, derrière cette image idyllique, des tensions apparaissent. Aussi. La pénurie de talents due aux évolutions des technologies n’est pas la seule ombre au tableau.
D’après une enquête de Freelancers Union, 42 % des freelances IT en France peinent à trouver des missions suffisamment rémunératrices et 30 % jugent leur statut de plus en plus précaire.
L’une des raisons ? L’afflux massif de nouveaux indépendants. Mais alors, les talents manquent ou il y en a trop ? Les deux mon capitaine !
Avec la digitalisation, de plus en plus de professionnels IT quittent le salariat pour l’indépendance. Mais tous ne trouvent pas leur place. Il y a de la demande, certes, les entreprises ont besoin de profils IT, mais pas n’importe lesquels…
Et ce n’est pas le seul obstacle. Bien que d’un côté ça ait du bon, la multiplication des plateformes d’intermédiation a également entraîné une guerre des prix, où certains freelances baissent leurs tarifs pour décrocher des contrats, au risque de voir leur métier se précariser. Mauvaise idée, donc.
Réglementations et incertitudes : un marché sous surveillance
À cela s’ajoute une menace juridique, qui pèse de plus en plus lourd dans la balance. En Europe, plusieurs pays cherchent à mieux encadrer le statut des indépendants pour éviter les abus liés au « salariat déguisé ». En France, la loi sur le travail indépendant impose déjà de nouvelles obligations. Demain, il n’est pas impossible que certaines entreprises soient contraintes d’embaucher des freelances sous statut salarié si leurs missions s’éternisent. En l’état, c’est faire des plans sur la comètes, bien sûr, mais si on grossit un peu le trait, le marché pourrait bien évoluer vers des modèles hybrides d’ici quelques années : CDI de mission, portage salarial, coopératives de freelances… Des alternatives qui permettront aux indépendants de sécuriser leur activité tout en conservant une certaine autonomie. Peut-être que ça vaut le coup de se renseigner avant d’y être obligé.
De même, le durcissement des obligations autour du RGPD et de la cybersécurité complexifie le paysage pour les prestataires IT. Aujourd’hui, une entreprise faisant appel à un freelance pour du développement doit s’assurer que ce dernier respecte les nouvelles exigences en matière de protection des données. Une contrainte supplémentaire qui pourrait décourager certains donneurs d’ordre.
En parallèle, les plateformes de mise en relation devront elles aussi s’adapter. Si la réglementation devient plus stricte, elles pourraient être forcées de revoir leurs modèles économiques, voire d’intégrer davantage de garanties pour les entreprises et les prestataires.
Le marché des prestations intellectuelles IT se trouve à un tournant. Pénurie de talents, avancée de l’IA, précarisation du freelancing, durcissement des réglementations… Autant de signaux qui, pris séparément, semblent être des défis isolés, mais qui, ensemble, dessinent un bouleversement profond du secteur.
Alors, faut-il parler de crise ? Ou plutôt d’une mutation nécessaire ?
Les entreprises et les indépendants doivent s’adapter. C’est une certitude. Se spécialiser, monter en compétences, anticiper les mutations : voilà les clés, en tout cas celles d’aujourd’hui, pour rester compétitif sur ce marché en pleine transformation.
Dans ce contexte, les plateformes comme Opteamis jouent un rôle déterminant. On dirait qu’on se fait de la pub comme ça, mais dans la réalité, ce conseil pourrait bien vous être utile… En assurant une mise en relation optimisée, une transparence contractuelle et un cadre sécurisé pour les missions, ces plateformes – pas que la notre donc – permettent aux entreprises de s’adapter aux changements… sans subir les crises à venir.
Le marché change. Reste à savoir qui saura en tirer parti.